PEUT-ON ENCORE MANGER DU THON ?
#38 👉 Tout comprendre sur le #TUNAGATE et les mesures pour se protéger efficacement.
Dans cette édition #tunagate, vous apprendrez :
✅ 🌿 s’il faut s’inquiéter des effets du méthylmercure pour la santé;
✅ 👨🔬comment sont édictées les normes censées nous protéger (et les doses à ne pas dépasser, par personne);
✅ 📊la méthode facile pour calculer pour vous ou votre enfant, la Dose Hebdomadaire Tolérable (DHT) pour vérifier si vous êtes “dans les clous”:
✅ 🍽️ Si on continue à manger ou non du thon, et surtout les alternatives pour trouver nos oméga 3 sans se contaminer.
👋Hello les nourrissant-e-s,
Bienvenue dans cette édition “TUNAGATE” (le scandale du thon). J’ai pris le temps de lire toute l’enquête, de parcourir les documents, et de ne pas réagir “à chaud”.
Le contexte : l’enquête des associations Bloom et Foodwatch publiées le 29 octobre 2024 sur la contamination au mercure d’un des poissons préférés des français : le thon.
Mood de la semaine…
🧞♂️ Combatif !Même si un genou à terre après les élections américaines. 4 ans… ça peut être très long. Courage, fuyons ?
❤️🩹Grosse news, j’anime une masterclass lundi matin sur “je mange mes émotions”, à un tarif très accessible. Je serais heureux de vous y croiser ! Pas mal d’outils pratiques pour progresser dans votre relation à l’alimentation.
🫡Allez, c’est parti ! On s’accroche, y’a des solutions, promis !
1️⃣ Les data du tuna
Le thon (toutes activités confondues) représente un chiffre de 40 milliards par an. C’est le poisson le plus consommé sur le territoire européen. Ce n’est pas rien. Les français en achètent presque 5 kilos par an (4,9 kg en équivalent poids vif, ce qui veut dire “tel qu’il est pêché”, sans préparation ni traitement), principalement sous formes de conserves (données France AgriMer 2023).
2️⃣ Les données de l’enquête Bloom
Les deux associations ont sélectionné aléatoirement 148 boites dans 5 pays (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie… et France), et les a fait tester par un labo indépendant.
Résultats : 100 % des boîtes sont contaminées au mercure. Ok, mais j’ai envie de vous dire, l’eau, l’air, les fruits et les légumes, sont contaminés. La question, c’est la dose. Justement, plus d’une boîte testée sur deux (57%) dépasse la limite maximale en mercure (0,3 mg/kg). Une boîte en conserve va même jusqu’à X 13 de cette limite.
C'est les boules. Exit les salades de thon ? J'y viens.
3️⃣ C’est quoi le problème avec le mercure ?
Le mercure est un métal émis naturellement sous forme gazeuse (volcans, feux de forêts…) mais il a aussi une origine humaine (combustion du charbon, exploitation de mines d’or, transformation de pâte à papier, production de ciment etc…). Depuis la révolution industrielle, les secondes ont largement dépassé les premières.
Etape 1 : une partie de ce mercure se dépose ensuite dans les cours d’eau et l’océan. Par l’action des bactéries, il est alors transformé en sa forme toxique : le méthylmercure.
Etape 2 : ce “méchant mercure” est ensuite absorbé par le phytoplancton, lui-même avalé par le zooplancton, alors ingéré par des poissons et fruits de mer... qui sont la source alimentaire de poissons prédateurs plus gros, comme le thon, l’espadon, le requin etc. Puis… par nous.
Etape 3 : vous vous en doutez, ce n’est pas super bon pour la santé. Je vous la fait ultra courte, mais les dangers du mercure ont commencé à être étudiés à la suite de graves intoxications des fabricants de chapeaux, dans les années 1880 : la crise des “chapeliers fous”. Les ouvriers inhalaient une solution contenant du mercure : perte de cheveux, tremblements, problèmes psychologiques…
Et depuis, il y a eu d’autres crises sanitaires(dans le secteur de la pêche au Japon, dans la pâte à papier au Canada, dans les mines d’or en Guyane française..)...jusqu’à aujourd’hui !
4️⃣ Les effets du mercure
Depuis vingt ans, les recherches sur les liens entre méthylmercure et cancer se multiplient, révélant des effets mutagènes et potentiellement cancérogènes du mercure. Par exemple, notre sang met plus de 2 mois à éliminer la moitié du mercure, un cancérogène de catégorie 2 (= “susceptible de provoquer le cancer”) selon l'Agence européenne des produits chimiques. Pour le cerveau, cette élimination peut prendre des années, voire des décennies. Ainsi, pour un·e consommateur·ice régulier·e de poisson contaminé, le méthylmercure s'accumule, risquant d'affecter la santé à long terme : effets neurotoxiques, effets sur le système immunitaire, sur le système cardiovasculaire, rénal…
De nombreuses études montrent le lien entre exposition prénatale au méthylmercure et les troubles neurologiques chez les enfants, qui perdurent tout au long de leur vie.
5️⃣ Mais… y’a pas de doses limites pour le mercure ?
Si, y’en a. Je vais vraiment vous passer des détails (tout est très bien documenté dans l’enquête). Pour les poissons peu contaminés, les seuils définis sont faibles.
Par exemple, le cabillaud, c’est 0,3 mg de mercure par kilo de chair.
Mais pour les + gros poissons comme le thon ou le requin, comme ce seuil est vite dépassé vu qu’ils accumulent le mercure au cours de leur vie, on…relève le seuil ! Et on fixe le taux maxi à 1 mg de mercure par kilo de chair.
Or, le mercure, c’est du mercure ! Qu’on le trouve dans le cabillaud, la dorade ou le thon !
Tenez-vous bien ! Il y a bien un règlement européen (915/2023) qui fixe ces teneurs en mercure, mais il ne s’applique qu’au “poids frais”, donc, au thon frais. Or, quand on le met en conserve, le thon est déshydraté (on passe d’environ 70 % d’eau à 20 % d’eau). Entre le thon frais et le thon en boîte, la concentration en mercure peut faire du X 2 à X 3.
6️⃣ On mange du thon en famille une fois par semaine, suis-je à risque ?
Par mesure de précaution, les autorités sanitaires européennes ont fixé une “Dose Hebdomadaire Tolérable” (DHT) à 1,3 μg de méthylmercure par kilogramme de poids corporel. En images, c’est plus clair !
Si mon enfant pèse 35 kilos et qu’il mange 100 g de thon en boîte par semaine (contaminé à 1 mg/kg, fourchette basse des tests), j’obtiens 2,8.
Mon enfant dépasse cette DHT. Il fait même X 2.Avec la fourchette haute (2,7 mg/kg), c’est X 5,3.
Et X 12,5 si l’enfant pèse 15 kilos (enfant de 3-4 ans).
Quelle dose, alors ? Pour être "dans les clous" de cette DHT, c’est 15 g/semaine pour un enfant de 40 kg et 30 g pour un adulte (soit une boîte de 100 g PAR MOIS, pas par semaine).
7️⃣ Que fait la police ?
Son job ? Presque. Je ne peux pas vous faire l’historique complet dans cette news, car je ne suis pas sûr que cela vous intéresse ! Disons que c’est un ping-pong qui dure depuis des dizaines d’années entre les intérêts de la filière concernée et les instances de régulation. 2/3 éléments d’appréciation :
la méthode ALARA est celle retenue pour décider des teneurs maximales. Cela veut dire “as low as reasonably achievable » = “aussi bas que raisonnablement atteignable ». Concrètement, pour chaque espèce, on détermine un seuil maxi de mercure pour que… les poissons soient vendables sur le marché ! L’idée, c’est de créer un filtre, et de l’ajuster pour éviter la chute des ventes de poissons. Plus ce filtre est élevé, plus le % de poissons pêchés peut aller sur les étales. Mais ce n’est pas un critère de santé pour nous, consommateurs !
Le Codex alimentarius : créée en 1963 par la FAO et l’OMS, c’est une sorte de cahier des normes alimentaires internationales. Problème : le groupe qui bosse sur les contaminants = les Pays-Bas = acteur majeur de la pêche industrielle et les entreprises thonieres sont directement représentées dans cette instance ! Comment créer des normes alors que celles-ci impacteraient directement le CA de la filière ?
Si vous étiez vendeurs de vélos, et que vous deviez voter pour le fait que vous ne puissiez plus vendre de vélos, vous le feriez, vous ?
Le Scopaff : vous n’en entendrez jamais parler ! Jamais au JT ! Et pourtant, c’est, en français, le Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale. Il est rattaché à la commission européenne. Une de ses missions = définir les seuils maximum de contaminants autorisés dans nos produits alimentaires. SUPER IMPORTANT, car après, les projets de réglementation vont à la commission européenne !
Problème : on ne sait pas comment il bosse. Genre, opaque de chez opaque. Il est composé de représentants des états membres (donc, la France envoient des expert.e.s), mais on ne sait rien du contenu des échanges, des votes, les études qu’ils prennent en compte.
Exemples : leurs “groupes de travail” = exigence de transparence amoindries. Signent-ils des déclaration d’intérêt privé ? Genre “j’ai bossé pour le géant thaïlandais du thon pendant 10 ans, je ne suis pas tout à fait objectif”. On ne sait pas. La Commission ne donne pas accès aux documents. Le Parlement Européen (nos élus, donc) tente de reprendre la main, mais n’y arrive pas.
Depuis la parution de l’enquête, qu’est-ce qui a changé?
Le député Nicolas Thierry (EELV) a interpellé le gouvernement dans les questions aux gouvernement mardi dernier. Geneviève Darrieussecq, ministre de la santé a dit qu’en cas de problème “thon frais/thon en boîte”, c’était à la Direction Générale de l’Alimentation (l’une des directions du ministère de l’agriculture) de voir cela, mais qu’ils travailleraient sur cette question.
La marque “Petit Navire” a réagi 48 heures après l’enquête en publiant un communiqué. Ils disent “réaliser des tests mensuels” sur leurs boîte de thon. Ils représentent 26 % du CA du secteur. 100 tests par an = pas assez !
La FIAC (les pros de la filière thon) a elle aussi réagi. Elle exhibe les 2 700 résultats d’analyses réalisés depuis 8 an au niveau français, et les teneurs en mercure proche des limites définies… sur du thon frais ! Leur moyenne est comparable aux chiffres de l’enquête de Bloom et Foodwatch.
Certains géants de la vente (super et hypermarchés) sont vigilants. Michel Édouard Leclerc s’est d’ailleurs engagé à mener des analyses sur ses propres boîtes et « à les supprimer s’il faut les supprimer ». Pour l’instant, les boîtes de thon sont toujours en vente.
⚠️L’ANSES, notre instance sanitaire à nous, a fait bouger ses recommandations pour les femmes enceintes & allaitantes et les enfants de moins de 30 mois il y a 10 jours. Avant, c’était respectivement 150 g et 60 g de thon par semaine. Aujourd’hui, elle recommande de “limiter la consommation”, en nommant explicitement le thon :
Au final, peut-on encore manger du thon ? Mes recos :
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Charly's Kitchen, mieux manger, sans pression ! pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.